Écrire un livre sur la mort de sa mère, on en a toutes envie. Blandine de Caunes l’a fait avec brio. Elle a de qui tenir, elle est la fille de Benoîte Groult. Et comment être la fille de cette grande figure du féminisme et raconter sa déliquescence, sa vieillesse, sa maladie ? Avec une infinie pudeur et une immense tendresse, l’auteure réussit un magnifique hommage à sa mère. Avec franchise et lucidité, elle nous parle de la maladie d’Alzheimer et du déclin qui accompagne les dernières années de cette icône de la vie littéraire du XXe siècle. Sans jamais la trahir !
Les livres tiennent une place importante dans la famille – De Caunes – Guimard – Groult. Ils sont un fil conducteur dans cette tribu multirécompensée, Benoîte – Flora – Paul – Antoine – Blandine – Violette. Souvenez-vous de ce magnifique manifeste : Ainsi soit-elle et du splendide roman : Les Vaisseaux du cœur. Écrire un livre sur la mort de sa mère est une chose ! Écrire sur le chagrin et le deuil de sa propre mère que la maladie diminue de jour en jour est un défi salvateur et douloureux. Mais quand survient la disparition brutale et inattendue de Violette, la fille de l’auteure, c’est atroce !
La révolte devant la mort subite de cette jeune femme de 36 ans alors que Blandine veille sur sa mère malade et déclinante. Quel singulier paradoxe ! Là aussi, on retrouve la pudeur et la lucidité de l’écrivaine. Ses pages sur l’absence de sa fille, sa vie inachevée, le manque, le vide, sont déchirantes. Une dynastie d’auteures et de femmes fortes, liées par les livres et par une force vitale qui leur interdit de sombrer.
Benoîte Groult avait également écrit, il y a quelques années, un livre surprenant : La Touche étoile. Elle y proclamait son absolue volonté de décider de sa mort comme de sa vie. Cette fois-ci, d’autres ont dû décider pour elle.