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Plume de paon

La chronique d'Alexis Jenni

Fado de Valls

Publié le 22 septembre 2020

Je ne voudrais pas vous embêter avec des problèmes français, mais je me dis que la neutralité suisse est un refuge pour tous les soucis.

Quel problème français ? La déchéance. Non pas le caniveau, rien d’ignoble, mais la perte de l’état de grâce. Trois ans d’effondrement politique français m’en ont donné le spectacle. J’ai une âme de midinette et rêve parfois les soirs d’été après un verre de blanc d’écrire des romans qui fassent soupirer, et même verser une larme. La déchéance de Manuel Valls, voilà ce genre d’histoire, mais comme ma tendresse ne dépassera pas la durée d’un verre, je n’en ferai qu’une chronique.

Ce beau gosse viril, à la fois rigide jusqu’à la brutalité et probablement timide, fut presque tout. Ministre de la police au moment où cela paraissait la porte du pouvoir dans notre pays apeuré, il fut premier ministre après les attentats qui nécessitaient, croyait-on, de la poigne. Il en montra. Il serra les mâchoires toute la durée de sa fonction, avec le menton redressé selon le même angle que Mussolini, et les commissures des lèvres abaissées. Il dut sans doute souffrir de crampes atroces, que j’espère apaisées de délicats massages par les doigts habiles de sa femme violoniste. Il aurait pu être le modèle d’une icône de la fermeté, appelé au même succès que la photo du Che.

« Quand Hollande déclara ne pas se représenter, l’avenir s’ouvrit devant lui avec des voix d’anges, couloir brillant avec une lumière au bout. Il serait président ; enfin. »

Alexis Jenni

Quand Hollande déclara ne pas se représenter, l’avenir s’ouvrit devant lui avec des voix d’anges, couloir brillant avec une lumière au bout. Il serait président ; enfin. Il démissionna, entra en campagne, apparut partout en chemise blanche avec un sourire éclatant obtenu par une inversion des commissures, mais qui parut vissé sur son visage tant il était immobile. Il prit une gamelle aux primaires devant cette petite mauviette de Hamon qui proposait de payer les gens à ne rien faire, la République en Marche rafla tout, d’un coup de tête, il déclara en être. On lui répondit qu’il n’était pas invité, et le PS trahi claqua la porte derrière lui. Il se retrouva à poil sur le palier, sans ses clés.

Il se maintint maire d’Ivry de quelques voix, fit une déclaration en sueur, montrant que c’était bien juste, voire limite, ça n’allait pas durer. Sa femme, déçue, le quitta. Il partit en Espagne où des photos le montrent en danseur mondain, bronzé et souriant, chemise à fleurs ouverte et veste claire. Il épousa une riche héritière au physique de blonde fatiguée. Il voulut s’emparer de la mairie de Barcelone en persuadant des hommes d’affaires de le payer pour ça. Il perdit, ne fut que conseiller, sans soutien.

C’est fini, au matin, il marche seul sur la plage, chemise débraillée, veste tachée, donnant des coups de pied dans les coquillages. C’était une belle nuit en boîte où il brillait sur la piste, maintenant tout est fermé, éteint, et commence une longue gueule de bois. Il était si près. Écoutez le fado mélancolique de l’ascension et de la chute de l’ambitieux maladroit. C’est à tirer des larmes quand on commande le deuxième verre, c’est beau et triste comme une chanson de Christophe. Le monde politique français se délite.

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