Juste avant les nouvelles mesures sanitaires, nous avons eu la chance de rencontrer Stéphanie Glassey l’auteure de L’Éventreuse.
Quand je dis nous, il s’agit du club de lecture « Les Griottes ». Un club de lecture dont je vous ai déjà parlé quelquefois ici. Nous nous retrouvons une fois par mois dans mon jardin ou autour d’une soupe. Quelques fois, quand le virus se fait menaçant, nous avons la chance de pouvoir utiliser la Grange à Marie-Thérèse Chappaz.
Une grange en bois, un poêle qui crépite, quelques bonnes bouteilles, d’immenses tables rondes, le décor est planté pour recevoir Stéphanie Glassey et l’éventreuse. Il ne manquait plus que la chauve-souris entrée par hasard, attirée par la lumière. Rien de lugubre, juste une mise en scène !
L’éventreuse est un roman « gore » paru dans l’amusante collection « Gore des Alpes ». Cette nouvelle collection créée par quelques loubards de la littérature valaisanne, comme Gabriel Bender et Philippe Battaglia, a choisi le style gore pour parler du Valais, différemment. Leur concept : une partie historique et un style débridé qui n’hésite pas à faire couler l’hémoglobine et à inviter quelques zombies. Sexe drogue et rock and roll au pays du fendant. Le pari est audacieux et réussi ! Déjà neuf volumes alimentent cette collection avec chaque fois un auteur différent.
Pour cette histoire, ils ont fait appel à une femme. Une jeune auteure qui a déjà publié un roman policier Confidences assassines (éd. Plaisir de lire ). Cette histoire se passe en Valais, bien sûr, dans l’univers féminin des faiseuses d’anges et autres sages-femmes.
« Le récit s’écrit sous les clochers des villages d’hier, bien-pensants et malfaisants, où les femmes ont été victimes de la violence, de la religion et de l’hypocrisie. L’auteure nous emmène sur les traces d’une faiseuse d’anges, condamnée à devenir éventreuse itinérante, et de ses démons, s’intéressant en chemin à la pratique de l’avortement, au destin des fœtus, aux abus subis par les enfants placés et à la culture patriarcale du secret et de l’oppression. »
Sacré programme pour ce petit bouquin de 120 pages ! C’est réussi ! C’est magnifiquement écrit !
« Insoutenable par moments, ce roman sonne juste même dans les récits les plus sanglants de certains avortements. »
Dominique Dorsaz
Insoutenable par moments, ce roman sonne juste même dans les récits les plus sanglants de certains avortements. Là, c’est, hélas, la partie historique, basée sur des recherches, donc considérée comme vraie. Insoutenables et émouvantes. Cette Marie-Ange sauve des âmes par des pratiques personnelles qui lui seront reprochées.
Enfin vient la vengeance, et c’est jubilatoire ! Le livre bascule.
La victime devient bourreau à son tour pour se venger de la répression et de l’hypocrisie des hommes. Et la vengeance sera à la hauteur des tortures subies par les femmes et les enfants. Elle se venge de l’oppression du patriarcat et on tombe dans le « gore » avec délectation et soulagement. Par là, ce livre est féministe. Marie-Ange prend son destin à bras le corps pour ne plus subir.
J’ai beaucoup ri en lisant l’éventreuse. J’ai sauté quelques pages pour y revenir avec prudence. J’ai appris certaines choses sur le sort des femmes que j’aurai préféré ignorer.
Bonne lecture !